VISION #33 - Adrien Vautier

 

En 2019, je me rends en Normandie à l’occasion du Prix Bayeux, pour enregistrer un podcast sur la photographie de guerre avec Edouard Elias et Sandra Calligaro. À cette occasion, je rencontre Adrien Vautier, lui-même photoreporter. Boule à Z, de nombreux tatouages, un débit de parole élevé, toujours bien entouré, la plupart du temps de ses collègues photographes rencontrés sur le terrain. En discutant avec lui, je décèle tout de suite une grande sensibilité. On se retrouve finalement quelques années plus tard pour enregistrer ce podcast et parler de son fascinant parcours. Le moins que l’on puisse dire, c’est que le photographe d’une trentaine d’années maîtrise l’art du storytelling, et c’est assez rare pour le souligner. Le podcast est long dans sa durée mais s’écoute très facilement. On vous laisse plonger dans ce Vision numéro 33 à votre rythme, bonne écoute.

 
Photo : Adrien Vautier, Afghanistan - le coût de la paix, Automne 2021. Le samedi 11 septembre, les talibans ont convié les journalistes locaux et internationaux à un évènement afin de promouvoir l'éducation chez les femmes de l'Emirat. Des dizaines d'étudiantes en Niqab sont présentes dans l'amphithéâtre de l'université polytechnique afin de soutenir la politique des intégristes.
 
 

Chaque vision est singulière, porteuse de sens et de changement. Le but de ce format est de rassembler de nombreux artistes et que chacun nous délivre sa vision et son expérience de la photographie.

 
 

Cet épisode a été réalisé en partenariat avec Adobe France.
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Photos : Adrien Vautier, Haut-Karabakh, Automne 2020
 
 

Adrien Vautier commence la photographie sur le tard, à environ 30 ans. Après une scolarité et une adolescence assez chaotique à Montpellier, il commence le graffiti avec ses amis. Sa « meute », comme il l’appelle. Il s’épanouit assez rapidement en se confrontant à la rue, à ses dangers, à ses interdits, à ses fêtes, parfois à sa violence. C’est ainsi qu’il rencontre aussi quelques années plus tard le monde des ultras, catégorie de supporters de foot. Après quelques autres expériences, il quitte finalement sa ville pour aller à Paris, avec une envie d’évoluer, de revenir à un mode de vie plus sain, moins en décalage avec « la société », selon lui.

 
 
 
 

Un jour, il tombe par hasard sur un appareil photo, laissé par un client dans une boutique de vêtements dans laquelle Adrien travaillait. Il commence à s’y intéresser, en pratiquant d’abord en amateur. Au départ un outil pratique d’archivage de ses pièces de graff, la photographie devient assez rapidement pour lui un moyen d’expression idéal. Il se forme aux Gobelins et est complètement conquis par un module de photoreportage. C’est décidé, Adrien Vautier veut devenir photoreporter. Il intègre en octobre 2016 l’EMI-CDF, où il termine sa formation professionnelle sous l’enseignement des photographes Guillaume Herbault et Julien Daniel.

 
 
Photo : Adrien Vautier, Afghanistan - le coût de la paix, Automne 2021. Des talibans ans les rues de Mazâr-e Charîf début septembre.. Selon les fondamentalistes, pour mettre fin à la guerre civile, il faut remettre les gens sur le droit chemin. Cela explique leur insistance sur la question des mœurs et leur violence.
 

Dès sa sortie de l’École, il a la chance de collaborer avec plusieurs médias nationaux. Il travaille principalement dans la presse magazine sur des sujets de société, mais tente aussi de développer des projets plus personnels (travaux documentaires, expositions, festivals, édition de livres et fanzines). Il commence avec des sujets la « bike life », l’esport, les déserts médicaux… Au bout d’un an, il décide de partir en Israël pour couvrir la Nakba, commémoration de l’exode des Palestiniens de 1948. « Un échec cuisant », selon lui. Ce premier voyage aura eu le mérite d’influencer la suite de sa carrière. En effet, il couvrira ensuite plusieurs pays en guerre, en suivant « l’actualité chaude ».

 
Photos : Adrien Vautier, Afghanistan - le coût de la paix, Automne 2021.
 
 
 

« J’ai trouvé au sein de ces terrains-là un équilibre avec mon chaos intérieur. »

– Adrien Vautier

 
 
 
Photos : Adrien Vautier, Afghanistan - le coût de la paix, Automne 2021.
 
 

Dans ce podcast, Adrien Vautier évoque ses derniers reportages : le Haut-Karabakh, l’Afghanistan et tout récemment, l’Ukraine. Nous discutons aussi de sujets plus personnels : son rapport au risque, au danger, l’importance du regard dans sa photographie, mais également sa gestion de « l’après ». Il s’ouvre sur son besoin de verbaliser ses émotions, d’interpréter les traumatismes vécus sur le terrain, que cela soit avec son psychanalyste, sa famille ou sa compagne, Rachel. Ces sujets sont rarement évoqués par les photographes mais sont pourtant très importants.

 
 
Photos : Adrien Vautier, Irpin, Guerre en Ukraine. Hiver 2022
 
 

Pour aller plus loin :

Julien Daniel, Guillaume Herbaut, Manon Boquen, Rendez-vous photos, Divergence images, Marie-Pierre Subtil, Revue 6 mois, Edouard Elias, Sandra Calligaro, Rafael Yaghobzadeh, Morgane Bona, Veronika Dorman, Wilson Fache, Allan Kaval.

Crédits musique :

Alexis Chapuis.

Liens :

Instagram
adrienvautier.com

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