VISION #31 - Grégoire Eloy

 

Pour ce podcast, j’ai rendez-vous en plein Marais, dans le 3ème arrondissement de Paris. Grégoire Eloy, gagnant du Prix Niepce 2021, m’accueille d’une voix douce et posée. Nous prenons le temps de discuter. Grégoire semble être un vrai passionné, au vu de la grande bibliothèque remplie de livres photos qui longe l’escalier. « Ça, c’est la rangée des livres scandinaves, là il y a les livres japonais. Les français sont là. Tiens, il manque un livre. » Quel bonheur de se retrouver avec un photographe qui transmet un tel enthousiasme ! Nous commençons l’enregistrement. Sa fille, qui rentre de l’école, se place dans l’escalier « pour capter le wifi » et aussi sûrement, pour écouter son père. Le chat familial, très craintif, fait des allers-retours à pas feutrés. Une heure de discussion captivante.

 
Photo : Grégoire Eloy, Tendance Floue, Lenine and train tracks, Kharkov, 2005, première photo décrite
 
 

Chaque vision est singulière, porteuse de sens et de changement. Le but de ce format est de rassembler de nombreux artistes et que chacun nous délivre sa vision et son expérience de la photographie.

 
 

Cet épisode a été réalisé en partenariat avec Adobe France.
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Photos : Grégoire Eloy, Tendance Floue, A Black Matter, 2010
 
 

Né à Cannes en 1971, Grégoire Eloy travaille d’abord quelques années dans le secteur financier aux États-Unis, ce qui lui permet de structurer sa pensée. Il découvre la photographie noir et blanc à New-York, aux côtés de deux amis, Christophe Agou et Antoine Passerat. Il décide finalement de démissionner pour s’y consacrer entièrement en 2003. Grégoire commence ce métier “par besoin et non par nécessité”. La meilleure entrée possible dans ce monde de l’image, selon lui.

Il devient l’assistant de Stanley Greene, grand photojournaliste, très apprécié par ses pairs et qui a tragiquement disparu en 2007. « Je me plongeais avec lui dans ses planches contacts, dans ses boîtes de tirages, je l’ai accompagné en reportage. Il m’a ouvert les yeux sur mon propre travail et m’a appris à travailler sur le terrain ». Une formation accélérée !  

 
 
 
 

Depuis le début de sa carrière, Grégoire Eloy travaille par cycles. Pendant dix ans, il photographie les pays d’Europe de l’Est et d’Asie centrale pour des projets au long cours sur l’héritage soviétique et les guerres du Sud-Caucase. Ce travail qui aboutit dans la réalisation des séries Les Oubliés du Pipeline sur les 800 000 réfugiés qui vivent le long du deuxième plus grand oléoduc au monde en 2006 et Ressac sur les pêcheurs de la mer d’Aral, une série réalisée au cours de quatre voyages entre 2008 et 2013 au Kazakhstan et en Ouzbékistan. Depuis 2010, il collabore avec la communauté scientifique pour une trilogie sur les sciences de la matière, qui a fait l’objet d’une série de publications monographiques et d’expositions. Il s’intéresse désormais plus globalement à notre rapport à l’environnement et au sauvage.

 
 
Photos : plus haut et ici - Grégoire Eloy, Tendance Floue, La Faille, 2017
 

Dans ce podcast, le photographe parle longuement de cette dernière trilogie, encore en cours, en évoquant tout d’abord les premiers chapitres du projet (A Black Matter, La faille) puis le tout dernier, Ossoue. C’est ainsi que se nomme l’un des plus grands glaciers des Pyrénées, situé dans le massif du Vignemale, sur le versant nord de la frontière franco-espagnole, et qui est voué à disparaître prochainement. Pour cette série, Grégoire collabore avec des chercheurs et des glaciologues et utilise plusieurs techniques photographiques (photogrammes, imagerie spatiale, photographie numérique et argentique).

 
Photo : Grégoire Eloy, Tendance Floue, Résidence 1+2, Ossoue, 2021, deuxième photo décrite
 
 

« Je suis devenu photographe par besoin et non par nécessité. Ce n’est pas un métier que j’ai choisi mais une activité, un mode d’expression, une extension de ma vie et une envie de découvrir le monde par moi-même et de le comprendre. »

– Grégoire Eloy

 
 
 
 

 Grégoire Eloy nous parle de sa collaboration et de ce dialogue permanent avec la communauté scientifique. Il évoque également son rapport singulier à la photographie historique, notamment à Eugène Trutat, un pyrénéiste, pionnier de la photographie de montagne qui réalisa les premières photos du glacier d’Ossoue au XIXème siècle. En parallèle, d’autres sujets sont abordés, notamment son expérience vécue lors de résidences photographiques, la mise en avant de son collectif Tendance Floue, son rapport au temps et à l’esthétique en photographie.

 
 
Photos : Grégoire Eloy, Tendance Floue, Ossoue, 2021
 

Pour aller plus loin :

Christophe Agou, Antoine Passerat, New York 1954.55 - William Klein, Stanley Greene, Roy DeCarava, Chaos - Josef Koudelka, Michael Ackerman, F93, Stéphane Sautour, Marc Boissonnade, Etienne Berthier (LEGOS), Simon Gascoin (Cesbio), Pierre René (association Moraine), Frédérique Gaillard, Eugène Trutat, Alexandre Schubnel, Loïc Labrousse, Thomas Ferrand.

Crédits musique :

Zombie Zombie - War is Coming, Zombie Zombie - Orage de grêle, Zombie Zombie - Thème de Pierre (variation), Zombie Zombie - Running (thème de Constance).

Liens :

gregoireeloy.com
Instagram
tendancefloue.net

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