VISION #28 - Rebekka Deubner

 

« Dans mes photos, c’est un peu un temps de mousson : il fait très lourd, très humide. Il n’est pas nécessairement en train de pleuvoir, mais juste avant. C’est le Japon, l’été, 90 pourcent d’humidité dans l’air. Il fait moite, c’est un peu collant. La lumière et la température changent mais il y a quand même ce point commun. »

C’est ainsi que Rebekka Deubner, mon invitée du jour, commence le podcast.  « Quel temps fait-il dans vos photographies ? » Cette question, c’est Fathia Djarir, en préparant l’entretien de SMITH, qui l’a posée pour la première fois. Depuis, j’aime bien l’incorporer dans certains podcasts, lorsque cela semble pertinent. J’ai devant moi une artiste sensible, encore jeune, et qui se pose beaucoup de questions. C’est aussi pour cela que l’exercice de l’entretien est intéressant. Mettre des mots sur son travail. On prône toujours la prise de recul. Et pourquoi pas l’inverse par moment ? L’artiste répond souvent à l’instinct, tout en conservant une fluidité déconcertante. 

 
Photo : Rebbeka Deubner, tempête après tempête, 2019
 
 

Chaque vision est singulière, porteuse de sens et de changement. Le but de ce format est de rassembler de nombreux artistes et que chacun nous délivre sa vision et son expérience de la photographie.

 
 

Cet épisode a été réalisé en partenariat avec Adobe France.
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Photos : Rebbeka Deubner, tempête après tempête, 2019
 
 

Rebekka Deubner est une photographe franco-allemande, qui vit et travaille à Paris. Après des études d’histoire de l’art et de photographie, elle expose son travail en France et en Europe à Photo Saint Germain à Paris, Les Rencontres de la photographie Off à Arles et dernièrement à la Progress Gallery à Paris, avec le soutien du CNAP. Elle est aussi à l’initiative du projet d’exposition itinérante « Jeune » conçue en 2017 avec la photographe Pauline Hisbacq, qui a voyagé à travers la France durant deux ans. En 2019, elle crée la maison d’édition le rayon vert conçue comme une plateforme éditoriale pour la jeune photographie indépendante et un espace de rencontre avec d’autres formes d’expression. Ses travaux voient souvent le jour sous forme de livres, auto-édités ou réalisés en collaboration avec des éditeurs comme September Books, Art Paper Editions ou Sasori Books. Par ailleurs elle collabore régulièrement avec des médias comme Le M magazine du Monde, Regain, Financial Times Magazine, Mouvement, Les Inrockuptibles ou Duuu radio.

 
 
 
 

Après avoir interrogé son parcours et ses diverses références, nous évoquons dans ce podcast son approche « tactile » de la photographie. Dans son travail, Rebekka joue souvent avec des matières organiques, parfois en décomposition : des fleurs, des insectes, des « morceaux » de corps, des textures… Finalement, que veut-elle mettre en avant ?  Ses images ne sont pas « parfaites », ne sont pas lisses. Souvent floues, elles s’éloignent des standards de composition classique. Elles sont, comme elle l’affirme, à mi-chemin entre la photo vernaculaire et une photographie « maîtrisée ».

 
 
Photos : plus haut - tempête après tempête
Rebekka Deubner, Odori, 2019
 

Nous abordons sa pratique de manière transversale, en s’intéressant à certaines séries :  Tempête après tempête et Odori, toutes deux réalisées au Japon. La première explore des corps façonnant le paysage de la préfecture de Fukushima au Japon depuis 2014. Rebekka Deubner porte son attention sur deux motifs : le littoral comme lieu de rencontre et de transformation des éléments, la jeunesse comme caisse de résonance involontaire de la catastrophe passée. Quant à Odori, elle aborde des thématiques comme la fête, la danse et la mort. Prises pendant le festival d’Obon, les photographies nocturnes de l’artiste capturent des fragments de cette célébration bouddhiste honorant chaque été les ancêtres disparus et leur présence parmi les vivants.

 
 
 

 « J’ai une démarche de collectionneuse, qui est structurée par des moments d’émotion que j’ai envie de capter et qui sont provoqués par mon entourage direct. »

– Rebekka Deubner

 
 
Photo : plus haut - Rebekka Deubner, Odori, 2019
Rebekka Deubner, Odori, deuxième photo décrite

 
 

Nous discutons également de son rapport au tirage. L’artiste tire principalement elle-même ses photographies. Est-ce important pour elle de garder le contrôle de ses images ?  Enfin, nous parlons de son rapport à la musique. En préparant l’entretien, je ressentais justement beaucoup de mouvement et de rythmes dans son travail global. Des enregistrements sonores peuvent aussi se mêler à sa photographie. Finalement, l’artiste nous offre plusieurs pistes de réflexion très stimulantes dans ce podcast.

« La photographie est pour moi un moyen d’être dans la contemplation. C’est une forme d’hyper présence aux choses. » Et pour vous, que serait la photographie ?

 
 
Photos : Rebekka Deubner, les saisons thermiques, en cours. Naît d’un désir collectif de donner corps à des représentations absentes de la pratique contraceptive thermique (remontée des testicules). L'artiste a souhaité produire une forme qui soit à la fois expérimentale et accessible, intrigante et intimiste, et qui mette en lumière et en chair nos corps contraceptés au quotidien. 
 

Pour aller plus loin :

Un barrage contre le Pacifique - Marguerite Duras, Hiroshima mon amour - Alain Resnais, The Banquet - Nobuyoshi Araki, Neue Welt - Wolfgang Tillmans, Redheads - Joel Meyerowitz, Pluie noire - Shohei Imamura

Crédits musique :

Suite pour Mellotron n°2 / l'Oreille nacrée / Livio Mosca, bande-son sur cassette audio composée pour Squid Milk / Rebekka Deubner publiés par le rayon vert . éditions.

Liens :

rebekkadeubner.com
Instagram

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