VISION #43 - Camille Gharbi

 
 

Le rendez-vous est donné chez moi, un samedi après-midi d’un mois d’octobre particulièrement gris, même pour Paris. J’avais déjà vu et entendu Camille Gharbi quelques mois auparavant sous le ciel bien plus lumineux d’Arles, lors d’une table ronde sur la dimension militante de l’édition photo à laquelle elle participait. À cette occasion, j’avais déjà pressenti une photographe à la personnalité et aux idées fortes, poussée au geste photographique par un engagement profond et sincère, mais assez pudique, voire timide, avec des fragilités qu’elle n’a pas peur de montrer.

Je retrouve ces mêmes traits de caractère lors de notre rencontre pour le podcast. Camille arrive un peu stressée et elle ne le cache pas ; elle est inquiète de ne pas réussir à tout exprimer, ou plutôt de ne pas réussir à l’exprimer de la meilleure façon. Pourtant, dès qu’elle s’installe sur le canapé devant la grande baie vitrée et que sa silhouette se dessine devant nos yeux par effet du contre-jour, Camille Gharbi dégage une vraie force, celle d’une femme déterminée qui croit fermement à la puissance et à l’importance des images.

 
 
Photo : Camille Gharbi, Lieux de vie, 2016-2017, première photo décrite 
 
 

Chaque vision est singulière, porteuse de sens et de changement. Le but de ce format est de rassembler de nombreux artistes et que chacun nous délivre sa vision et son expérience de la photographie.

 
 
Photos : Camille Gharbi, Une Chambre à soi, 2020 - 2021. Série de portraits et de témoignages réalisés au sein du foyer d’hébergement le FIT Une Femme Un Toit, qui accueille des jeunes femmes âgées de 18 à 25 ans fuyant des situations de violences sexuelles, intrafamiliales, et / ou conjugales
 
 

Née à Lyon en 1984, Camille décide de se consacrer à la photographie après des études en architecture et quelques années passées en agence. Elle travaille aujourd’hui en commande dans les domaines de la photographie d’architecture, du portrait et de la presse. Sa pratique artistique porte sur des sujets de société suivis sur le long cours, dont les violences de genre et la problématique des migrations.

 
 
 
 

Basé sur une immersion physique et psychologique, son travail se construit sur un équilibre entre deux échelles : les histoires singulières et spécifiques sont articulées à l’histoire globale et collective, afin de faire émerger la construction du fait social. Entre photographie documentaire et plasticienne, sa démarche cherche à interroger l’état du monde en jouant sur la distance et l’esthétique afin de convoquer l’empathie et le sensible.

 
 
Photos : Camille Gharbi, Preuves d'amour, 2018
 
 
 

«  Pour moi, la photographie est une forme d’action. C’est une manière de pas subir les choses avec lesquelles j’ai du mal à vivre. »

– Camille Gharbi

 
 
 
Photos : Camille Gharbi, Preuves d'amour, 2018
 
 

Depuis 2018, le travail de Camille Gharbi a été présenté lors d’expositions et de festivals de photographie nationaux et internationaux tels que le Festival Circulation(s) à Paris, la Nuit des Images au Musée de l’Elysée à Lausanne, la Nuit de l’Année aux Rencontres Photographiques d’Arles, l’exposition Lens Culture Emerging Talent Award à New-York, ou l’Arte Laguna Prize à Venise. scène de vie, un groupe de migrants jouant aux cartes, et l’autre, un moment suspendu dans un stade de foot local.

 
 
 
 

Dans ce podcast profond et touchant, Camille évoque notamment certains projets. Lieux de vie a été réalisé dans la « jungle de Calais ». Preuves d’amour cherche à questionner la violence domestique et la réponse que nous lui faisons à travers son expression la plus extrême : l’homicide conjugal. Quant au projet Une chambre à soi, il s’agit d’une série de portraits et de témoignages réalisés au sein d’un foyer d’hébergement qui accueille des jeunes femmes fuyant des situations de violence multiples. Enfin, Les Monstres n’existent pas tente de comprendre les mécanismes des violences au sein du couple, du point de vue de leurs auteurs.

 
 
Photos : plus haut - deux photographies de Gabriel et Toufik tirées de la série Les Monstres n'existent pas. ici - photo de Damien, 31 ans. Opérateur et programmeur sur machines numériques. Producteur de musique électronique et DJ. 25 ans de réclusion criminelle pour assassinat sur sa conjointe. En détention depuis l’âge de 28 ans.
 
 

Crédits :

Un podcast réalisé et écrit par Nando Gizzi, produit par Aliocha Boi Noyau.studio, monté et mixé par Virgile Loiseau et mis en musique par Mondkopf et son projet Spring Stories.

Le livre Faire Face, édité par The Eyes, est toujours disponible.

Liens :

Instagram
www.camillegharbi.com

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