VISION #37 - Harry Gruyaert

 

Si j’avais su au moment de la création de Vision(s), en 2019, que j’inviterais un jour à mon micro Harry Gruyaert, membre de l’agence Magnum, pionnier européen de la photographie couleur, je ne l’aurais jamais cru. Et pourtant me voici face à lui, pour mon plus grand plaisir. « Tu sais, je ne suis pas très verbal… », c’est l’une des premières phrases qu’il a prononcée après avoir passé la porte de son studio situé en plein Marais, à Paris.

Au premier abord, Harry semble un peu méfiant. Ne connaissant pas l’univers du podcast, le faire participer n’a pas été une mince affaire. À 81 ans, le photographe belge ne fait pas confiance à tout le monde. Je le comprends assez vite ; au bout du troisième ou quatrième rendez-vous, il commence déjà à se détendre. Finalement, je reste avec lui un peu plus de quatre heures. Il me montre son nouveau livre Between Worlds, publié chez EXB, certains tirages accrochés au mur ou empilés sur la table, ses films appelés A Sense of Place, imaginés avec sa galerie Fifty one. Il m’accorde beaucoup de temps, un temps pourtant précieux pour ce photographe compulsif. En repartant, j’ai le sourire aux lèvres. Je le vois passer à côté de moi à toute vitesse, en vélo. Un instant suspendu.

 
Harry Gruyaert, Goum, Between Worlds
Photo : Harry Gruyaert, Moscou, URSS, 1989. Première photo décrite.
 
 

Chaque vision est singulière, porteuse de sens et de changement. Le but de ce format est de rassembler de nombreux artistes et que chacun nous délivre sa vision et son expérience de la photographie.

 
 
Harry Gruyaert, Paris, Between Worlds
Harry Gruyaert, Belgique, Between Worlds
Photo : Harry Gruyaert, Between Worlds, Paris et Belgique
 
 
 

Né à Anvers en 1941, Harry Gruyaert étudie à l'École de cinéma et de photographie de Bruxelles de 1959 à 1962. Il travaille comme directeur de la photographie indépendant pour la télévision flamande entre 1963 et 1967 et décide ensuite de tenter sa chance à Paris. En 1969, il effectue le premier de ses nombreux voyages au Maroc. De 1970 à 1972, il vit à Londres et c'est pour lui l'occasion d’expérimenter : il décide de « couvrir » les Jeux Olympiques de Munich de 1972 et les premiers vols d’Apollo sur un écran de télévision cassé qu'il a à sa disposition, en manipulant les couleurs. Entre 1973 et 1980, il entreprend un long essai sur la Belgique d'abord en noir et blanc, puis en couleur.

 
 
 
 
 

Harry Gruyaert rejoint l’agence Magnum Photos en 1981 et continue de voyager, notamment en Asie, aux États-Unis, au Moyen-Orient et en Russie. Depuis plus de trente ans, de la Belgique au Maroc, et de l'Inde à l'Égypte, ce photographe nomade enregistre les subtiles vibrations chromatiques de la lumière orientale et occidentale. Loin de se complaire dans un exotisme stéréotypé, le photographe place le spectateur dans des atmosphères particulières et quelque peu impénétrables. Dans les années 2000, Harry Gruyaert abandonne l'argentique pour la photographie numérique. Très préoccupé par la qualité des tirages réalisés précédemment en Cibachrome, il expérimente très tôt l'impression jet d'encre. Elle révèle la richesse des nuanciers présents dans ses photographies argentiques et ouvre de nouvelles possibilités à son travail.

 
 
Harry Gruyaert, Belgique, Between Worlds
Photos : plus haut - Growing Up, Saskia & Marieke - ici : Between Worlds, Belgique
 
 

Dans ce podcast, nous commençons par une description d’une image prise en Russie, dans la galerie marchande du Goum, sur la place Rouge à Moscou. Nous évoquons plusieurs sujets, notamment ses rencontres frappantes, avec Agnès Varda ou William Klein, alias Bill Klein, comme Harry Gruyaert le surnomme dans le podcast. Le photographe belge nous parle également du rapport singulier qu’il entretient avec la couleur dans la construction de l’image.

 
 
Harry Gruyaert, Belgique, Between Worlds
Photo : Harry Gruayert, Between Worlds, Belgique, Anvers
 
 
 
 

Je l’interroge sur des projets dont on en parle moins, notamment ceux réalisés en noir et blanc, en Belgique et à la naissance de ses deux filles. Et puis, nous abordons ses films, sorte de diaporamas sonores appelés A Sense of Place et mis en musique par le compositeur belge Tuur Florizoone. Ce même compositeur a accepté que sa musique entrelace les propos du photographe dans le podcast. Harry Gruyaert termine l’entretien en disant : « Je fais des photos tout le temps. Quand je n’en fais pas, je ne suis pas très bien ». On n’en doute pas.

 
 
 
Photo : Harry Gruyaert, Belgique, TransEurope Express, 1981. Deuxième photo décrite.
 
 

« En photo, j’aime le magnétisme entre les éléments, les choses qui s’attirent et qui créent des petits miracles. C’est très jouissif. »

– Harry Gruyaert

 
 
Harry Gruyaert, Growing Up, Saskia & Marieke
Harry Gruyaert, Growing Up, Saskia & Marieke
Harry Gruyaert, Growing Up, Saskia & Marieke
Harry Gruyaert, Growing Up, Saskia & Marieke
Photos : Harry Gruyaert, Growing Up, Saskia & Marieke
 

Crédits :

Un podcast réalisé par Aliocha Boi, produit par Noyau.studio, monté et mixé par Alexis Chapuis et mis en musique par Tuur Florizoone. Merci à Paul Mougeot pour son aide.

Liens :

Magnum Photos
Gallery 51
Between worlds

Podcast Vision(s)

 
Précédent
Précédent

VISION #38 - Claudine Doury

Suivant
Suivant

VISION #36 - Denis Dailleux